
Exploration du réseau numérique YouTube autour de la santé des militaires 31
diversifiées et horizontales. Le partage virtuel de données entre les militaires et
la publicisation des retours d’expérience sur Internet leur apportent du récon
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fort et un soutien psychologique leur permettant de se constituer en «com-
munautés virtuelles» (Rheingold 1994) pour discuter de leurs préoccupations
individuelles en collectif. C’est d’ailleurs ce que confirme le rapport publié par
le Ministère de la Défense sur Internet où il présente les grandes lignes de sa
stratégie sur les réseaux sociaux numériques.Les réseaux sociaux permettent fi
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nalement aux soldats d’avoir un espace de discussion «les blogs, les groupes vir-
tuels de mobilisation ont des vertus cathartiques qui permettent d’évacuer les
insatisfactions du moment» (Centre interarmées 2013). Ces modes d’interac
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tion en ligne principalement sur les blogs, les forums, les réseaux sociaux ou sur
les plateformes-vidéos renforcent les liens entre les militaires ainsi qu’entre les
militaires et la société civile. Il ne s’agit pas d’espaces non hiérarchisés puisque
certains comptes numériques sont plus visibles que d’autres. Mais cette visibi
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lité n’est pas conditionnée par le statut professionnel ou l’affiliation des inter-
nautes, mais par «l’organisation sociale des jugements portés par les internautes
qui produit une hiérarchie de la visibilité de ces pages» (Cardon 2012, 68).
Cette situation peut cependant s’avérer préjudiciable pour l’armée, car elle
expose les informations personnelles, y compris les données de localisation, à
une divulgation potentielle, ce qui pourrait mettre en danger les opérations.
De plus, elle favorise la propagation de fausses informations, de rumeurs et
de propagande, ce qui peut saper la confiance du public dans l’institution
militaire. Pour Laurence Ifrah, «l’isolement et l’éloignement les [les militaires]
incitent à communiquer à leurs proches leurs états d’âme: bien souvent, ils se
laissent aller à raconter des anecdotes vécues sur les théâtres d’opérations, à pu-
blier des photos d’eux et de leurs camarades et par conséquent à divulguer des
informations pouvant être utilisées par les forces ennemies » (Ifrah 2010, 60).
Toutefois, ces plates-formes peuvent être utiles aux forces armées, sous ré-
serve qu’elles soient capables d’exploiter leur potentiel. En effet, diverses orga-
nisations ont recours, par exemple, à des médias sociaux tels que X (ancienne-
ment Twitter) dans un but éducatif ou préventif, en suivant l’état de santé de
leur population afin de minimiser les risques.
Sur le plan académique, le «foyer virtuel
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» (Lévi-Strauss 1977) que repré-
sentent les médias numériques pour de nombreux militaires – en raison des
pratiques interactives qu’ils ont engendrées et qui ont favorisé la création des
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L’expression «foyer virtuel» est utilisée chez Lévi-Strauss pour faire référence à la notion
d’identité. L’identité est, selon lui, une sorte de «foyer virtuel auquel il nous est indispensable
de référer pour expliquer un certain nombre de choses, mais sans qu’il n’ait jamais d’existence
réelle» (Lévi-Strauss 1977, 332). L’identité est donc aussi un ensemble de représentations
qu’une personne assigne aux réalités qui l’entourent. Nous pensons que les médias numériques
sont aussi un foyer virtuel pour les communautés en ligne. Ces derniers se forgent une identité
à travers les interactions continuelles entre les membres.